Carnets de voyage, journal d’aventures, mémoires itinérantes, recits initiatiques… C’est un genre littéraire qui a toujours eu ses adeptes du 16 ème siècle avec Montaigne, au 18 ème avec les explorateurs, au 19 ème siècle avec Stendhal, sans compter tous les récits coloniaux. Aujourd’hui, le voyage est plus spirituel. Les récits de Sylvain Tesson l’incarnent. Plus qu’un genre c’est une nécessité littéraire, une manière nouvelle de se confier. Raconter ses voyages et ses expériences avec son âme. Aurélien Millot, nous explique.
Ecrire ses voyages, c’est se comprendre soi, ailleurs, autrement
Ecrire sur sa propre écriture Il s’agit-là d’une sorte de psychanalyse littéraire ou quand, à l’échelle infinitésimale (quantique), l’observateur influe sur la chose observée et qu’à travers l’observation ils composent un triptyque alchimique aspirant à l’unité retrouvée. Alors je vais tenter de m’y exercer dans cette rédaction.
Marcel Proust disait si justement « Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux. »
Pour être sommaire et « terre à terre » il s’agit a priori de récits de voyage, de récits initiatiques. Pour être plus précis et subtil, ils constituent la restitution partielle de voyages intérieurs et extérieurs en vue de changer de paradigme. Les deux aspects étant indissociés, chacun d’eux faisant écho, établissant ainsi une résonnance. En gros, ils se répondent. Le grand soufi Shams Ed Tabrizi disait « Est, Ouest, Sud ou Nord, il n’y a pas de différence. Peu importe votre destination, assurez-vous seulement de faire de chaque voyage, un voyage intérieur. Si vous voyagez intérieurement, vous parcourrez le monde entier et au-delà. »
Ces textes sont emplis d’harmonie et connectés à ma planète, mais aussi à cet univers, à l’humanité, afin de retrouver mon unité, mon UNIvers (vers quoi?) : moi vers le monde et le monde vers moi, me rappelant Rumi (le grand soufi) qui disait « ne te sens pas seul, le monde entier est en toi » ainsi que « tu n’es pas une goutte dans l’océan, tu es l’océan dans une goutte ».
Cela étant ça n’est pas binaire c’est bien au-delà. Ce style se veut novateur intégrant des images au sens propre donc physiques, mais aussi au sens figuré de manière métaphorique chargées fortement de symbolisme : personnel mais aussi que chaque lecteur retrouvera éventuellement en lui-même avec ces propres grilles de lecture.
Il est question de chahuter la littérature stricte, les règles, les lignes, et d’en dessiner des courbes, des images plutôt qu’exclusivement des lettres, la faire danser, valser, en jouant avec l’euphonie et ce avec euphorie, en s’amusant avec les mots, les maux de tête pour certains, la langue de oiseaux de manière plus prosaïque et plus mystique pour d’autres.
Alors comment définir rationnellement quelque chose d’indéfinissable ? Comment la résumer ? Il s’agit d’une littérature geopolitico-historico-sociologico-psychologico-phylosophico-« pseudo »-scientifico-artistico-esoterico-spirituelle… Dans le genre pompeux, on fait difficilement mieux ! Ah j’aurais pu insérer après « artistico » pour que ça rime et que ce soit plus léger « rigolo »… Plus sérieusement quand ça n’existe pas, il faut donc le cueillir sur l’arbre des possibles, le monde des idées de Platon. Non la vie n’est pas platonique, tout n’est pas ou tout noir ou tout blanc, elle est haute en couleurs et à nous de co-créer le dessin de notre dessein à notre image. C’est donc de la création ou récréation très ludique, un vrai jeu d’enfant complexe dans sa simplicité.
On m’a dit que « ce genre littéraire était en vogue ». Personnellement en toute franchise, je ne savais pas. Cette dimension personnelle n’a jamais eu vocation à demeurer marketing ou complaisante, cadrée, structurée. Aucunement, elle est justement sans limite, gorgée de la plus grande liberté et fantaisie comme j’aime à l’être en privé, lorsque les masques tombent (ceux de la persona(e)) : ceux-là-mêmes qui nous font revêtir des costumes à nos pièces de théâtre et ainsi jouer divers rôles (des jeux drôles aussi) dans les représentations de la vie de tous les jours. Du coup je le définirais par « transgenre littéraire de déjà vu ». Entendant « air de déjà vu » pourquoi ? Tout simplement car il tente d’établir une proximité avec les gens au final. Il semble que bon nombre se retrouvent à travers lui (parfois après un certain temps, ou un temps certain) car ils en sont peut-être une émanation. Khalil Gibran disait « aucun homme ne peut rien vous révéler sinon ce qui repose déjà à demi endormi ».
Je pourrais dire qu’en quelque sorte qu’il s’agit d’une forme de littérature holistique ou « holistylistique » néologisme oblige, c’est sûrement cela.
A l’origine, à la genèse de tout il y a le « logos » (parlé ou écrit), selon les textes à chaque création est associée l’idée qu’« Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le verbe était Dieu. » Or il semblerait qu’à chaque création aussi infime soit telle, il s’agisse d’un souffle divin pour les croyants, un souffre dit vain pour les autres, ou encore une rédaction, une expression de dame-nature. J’ai toujours perçu la plume comme un moyen de constituer en se reliant et se ralliant à d’autres, des ailes afin de s’élever. Ces écrits représentent ni plus ni moins justement que des tremplins à la réflexion, à l’échange, à la discussion : et donc théoriquement puis pratiquement censés amener une élévation collective de l’esprit.
Au-delà dans la « méthode » qui n’en est pas une in fine, disons dans l’approche, c’est une écriture automatique, limite en transe (sans paradis artificiels) juste la connexion au Grand Tout ni plus ni moins qu’une simple lecture de, ce que j’aime à qualifier, Grand Livre de la Vie dont nous sommes tous à la fois co-lecteur et co-créateur. Et Dieu sait que la bibliothèque est infinie (voir(e) UNfini).
Le but si tenté qu’il y en ait un, dans la mesure où à la base il s’agit d’un don (« donner » : c’est donner une part, sous-entendu de nous-même en quelque sorte) pour recevoir (« se voir à nouveau » ?!) qui pour ce faire requiert de savoir se sacrifier (« se fier au sacré, or le sacré et bien ça crée » )…, ni plus ni moins qu’un partage dans la mesure où une bouteille de champagne ne se boit jamais aussi allégrement qu’en groupe. Il en est de même.
Aussi à l’image du battement d’ailes du papillon en orient (l’or riant, où je vis) créant une tornade en occident, cette littérature « holistylistique » permet de dépoussiérer peut-être et aussi de susciter des vocations, des inspirations(,) à méditer (« meditare » : revenir au centre, au centre de soi-même). Or dans « inspirer », on peut entendre « spiritus », « l’esprit », l’esprit d’initiative, l’état d’esprit qui est un état sans frontière, un échange de fluide, sans papier. Il s’agit en quelque sorte systématiquement de partir d’un point pour faire le tour sans tourner en rond puis d’accéder à une autre sphère de conscience autour justement du thème central « ni moi, ni monde, juste la conscience, au-delà l’UNconscient collectif ». De manière sommaire il est question de l’UNion ou la réUNion avec le Grand Tout et peu importe les voies.
Quand on me pose la question si cela ne m’effraye pas de voyager en « solitaire ». En réalité disons que je suis physiquement seul au départ, mais métaphysiquement jamais. Et surtout voyager comme tel permet d’être comme une feuille de l’arbre de vie qui se laisse guider au grès du vent avec une multitude de rencontres bien plus riches et intenses qu’en « temps normal » et ce bien qu’il y ait à l’origine une feuille de route pré établie. Le vent incarne alors la synchronicité ou les coïncidences selon l’appréciation de chacun. Cela étant je veille à ce qu’aucun voyage ne finisse jamais, ma vie est une voie sans fin, chacun d’eux ne compose qu’un chapitre du grand Livre de La Vie. J’essaye au quotidien de recouvrer ma vue d’enfant à m’émerveiller et parfois nul besoin d’aller trop loin pour voyager profondément. Il peut arriver que l’on parcoure la moitié de la planète pour découvrir la 7e merveille du monde dont la 8e est subtilement en face de nous et/ou en nous…
Je suis un pur autodidacte praticien de l’écriture, très peu dans la théorie et en pleine conscience notamment de toutes les faiblesses de la forme mais je le dis froidement et sans effroi peu me chaut, il me semble que le fond, en toile de fond prime. Il faut percevoir, percer pour voir au-delà des apparences, tout comme les racines de l’Arbre de la Vie sont cachées, c’est pourtant elles qui alimentent la partie essentielle et visible. Je n’écris pas avec ma main, ni mon esprit mais de manière décomplexée : pas à contre cœur, sans état d’âme mais juste purement et simplement avec mon cœur et avec mon âme.
Texte original tiré de Monbestseller : https://www.monbestseller.com/actualites-litteraire/8167-litterature-de-voyage-carnets-daventures-recits-initiatiques-le-grand
Bibliographie : https://www.monbestseller.com/membre/aurelien-millot
Issa ~ AM